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De façon sporadique et désordonnée vous sont proposées ici quelques "short stories" inédites, dont l'unique ambition est, sinon de plaire au lecteur, au moins de faire plaisir à l'auteur...
Bonne lecture!

jeudi 30 avril 2009

Apologie du prêt-à-poster

Comme vous le savez peut-être, ma concierge est un phénomène. Cliché parmi les clichés, elle cumule tous les stéréotypes usuels des concierges, à l'exception d'un seul (ce qui me désole) puisqu'elle n'est pas portugaise.
Fouine, grasse, lente, molle, râleuse, odorante, incapable d'écrire un billet sans y glisser quatre fautes d'orthographe, suicidaire, pâle comme une endive, boutonneuse. Elle ressemble à un gros asticot blanc repus de chair nécrosée.
Et elle fait la collection de timbres postes. Évidemment.
Comme c'est également elle qui s'occupe de la distribution du courrier dans les différents appartements de l'immeuble, elle en profite généralement pour joindre l'utile à l'agréable, et agrandir sa dite-collection. Aussi, si l'un de vos amis bien intentionné décide d'orner l'enveloppe qu'il vous destine d'un timbre original, vous pouvez être sur que vous retrouverez un soir derrière votre porte l'enveloppe de votre correspondant dument barbouillée de crayon papier: "SVP, serais t'il possible ne pas jeté le timbre et me le garder merci. votre concierge".
Ceci bien évidemment rédigé d'une main tremblotante et malhabile qui cherche à être lue sans être lue. Tout un concept.
Mais si en plus vous avez le malheur d'être là en journée et de le faire savoir (genre: une radio dont le volume a été poussé au max), alors la dite-concierge s'enhardit jusqu'à vous remettre la missive en main propre, pour s'assurer que vous prendrez bien connaissance de sa requête.

C'est ce qui m'est arrivé ce matin.
Armée d'une pince à épiler dans une main, d'une pommade anti-repousse de poil dans l'autre, à moitié nue dans ma salle de bain à l'écoute d'Isabelle Jordanot, je m'apprêtais à passer une matinée en tête à tête avec mon miroir. Mais voila t'y pas que ma sonnette se fait entendre. Tiens donc. Que c'est inhabituel.
Ah, ca doit être le facteur qui apporte (et non pas amène, ne confondons plus...) un colis. me dis-je. Chouette, il faut faire vite avant qu'il ne tourne les talons et ne remporte le précieux objet loin loin d'ici dans un obscur recoin d'une quelconque poste dont il sera par la suite tellement difficile à extirper! Horrifiée à la perspective de la file d'attente qui me menace, je lache précipitamment ma pince à épiler, coupe la radio, vite, enfile un short (mes jambes ressemblent à des poulets tout juste déplumés, mais pas le temps de trouver un pantalon), et j'ouvre la porte à toute volée, prête à me précipiter à la poursuite de la veste jaune et de son porteur.
C'est ainsi que je me retrouve nez à nez avec mon asticot.
Qui me sourit.
Et qui brandit fièrement une lettre sous mes yeux ébahis.
Bon, j'avais pas totalement tort, en pensant au facteur, c'est déja ca. Je retiens tout juste la porte avant qu'elle ne claque. (Que de bons réflexes, finalement!)
- Oui??
- J'ai une lettre pour vous.
- Ah... merci.
Je tends immédiatement la main, pour récupérer mon bien et mettre ainsi un terme à cette situation inconfortable (pourvu que personne ne passe sur le palier, il ne me manque que les bigoudis pour ressembler à une quinqua femme au foyer).
La concierge est plus vive que prévue. Elle abaisse aussitot son bras, mettant de la sorte l'objet à l'abri de ma convoitise empressée.
Je pressens un duel fatigant.
Elle se lance ensuite dans un panégyrique enflammé sur les timbres postes, qui se conclue, aussi soudainement qu'il avait commencé, par la formulation de ses espoirs quant à la récupération de la petite vignette collée sur la missive qui me revient.
Soulagée d'une requête aussi accessible, j'esquisse un sourire. Finalement, la lutte sera plus courte que prévue.
- Mais oui mais oui, pas de problème, avec plaisir, même!
Je jette un oeil rapide sur mon courrier, le timbre est en effet assez joli, et je lui en ferai cadeau de bon coeur.
L'ennemi s'apaise également, nous échangeons des sourires polis. Ca me fait plaisir de vous faire plaisir, etc etc, je me sens pleine de bons sentiments tout à coup. Comment mieux commencer sa journée que de faire plaisir à quelqu'un avec une si modeste dépense énergétique?
Dans un élan d'enthousiasme exagéré, alors qu'elle m'invite à lui déposer l'enveloppe plus tard dans sa boite, je me récrie:
- Mais non! mais non! prenez la tout de suite.
Et c'est précisément là que tout dérape.
Car, pour joindre le geste à la parole, zélée tout à coup comme je le suis rarement, je déchire rageusement l'enveloppe pour en récupérer son contenu, avant de tendre fièrement le papier éventré à mon interlocuteur, qui s'en saisit promptement.
Mais l'asticot ne sourit plus du tout. Je lis une déception et une stupéfaction dans ses yeux qui ne peuvent que faire écho à ma propre incompréhension face à ce revirement d'humeur. Elle fixe, ahurie, l'enveloppe qui pendouillle entre ses doigts mous. J'y jette un oeil et je rougis de honte: dans ma précipitation, j'ai non seulement éventré l'enveloppe, mais également le timbre, qui, déchiré de part en part ne "vaut plus rien du tout, maintenant", comme elle me l'explique piteusement. Je tente vainement de rapprocher les deux bords du timbres, pour lui montrer que rien n'est perdu, peut-être qu'avec un peu de colle... ou de la super glue??.. C'est juste une petite déchirure, après tout... Mais je le sais très bien, pour avoir moi -même, en mon temps, collectionné les timbres postes (j'avoue...): la moindre entaille, et c'est foutu. Direction la poubelle.

Je sais plus où me mettre. J'ai honte. Je me fais l'effet d'un jeune chiot qui aurait, d'un battement de contentement de la queue, renversé la porcelaine de grand-mère suite à une flatterie qu'elle lui aurait faite. Je me sens trop bête, quoi. Je récupère l'objet du crime. Je m'excuse platement, et je referme rapidement la porte de l'appart. J'entends sa masse s'éloigner à petits pas glissés. Je l'imagine la tête baissée, maudissant le monde en général, ses locataires en particulier, pour leur cruauté et leur vilain manque d'empathie.
Mes oreilles sifflent au rythme des paroles qu'elle débite à mi-voix.
Ma prochaine nuit sera hantée d'enveloppes pré-timbrées qui défileront derrière mes paupières closes comme peuvent apparaitre des farandoles de mets riches et alléchants chez l'affamé délirant.

Ah cà! Je l'ai toujours dit: ma générosité me perdra!...


lundi 23 mars 2009

La damoiselle et l'hirondelle


A quoi reconnaît-on le printemps?
Je vous entends déja appuyer sur le buzzer: -au chant des oiseaux! -à la luminosité? -à la diversité des couleurs dont se parent soudainement les champs et les fossés...
C'est juste. Enfin, tout du moins, ce n'est pas tout à fait faux. Mais pour un habitant de la ville, c'est plutôt inexact.
Parce que les seuls oiseaux qui y chantent sont les pigeons, ces maudites bestioles dégénérées qui roucoulent à tout moment, faisant ostensiblement fi des lois ancestrales primaires qui devraient leur dicter une toute autre conduite...
Parce que les seules fleurs visibles sont celles cultivées dans des parterres étriqués ou cloitrées dans des jardinières plastifiées, qui ont précisément pour ordre de rester fleuris en toute saison, quels que soient la température et l'humidité extérieures, la pollution de l'air ou les piétinements acharnés des passants. Ces reliquats de natures sont soumis bien malgré eux au funeste précepte "que trépasse si tu faiblis" et se voient donc par conséquent obligés de fleurir et de porter la tige haute en toute circonstance.
Parce que, enfin, sous le feu des lampadaires et des projecteurs urbains, on oublie jusqu'à la notion de jour et de nuit, et que l'intensité de la luminosité n'est plus éprouvée qu'au travers d'un interrupteur-variateur de l'halogène du salon obscur.

Donc, je vous repose la question: à quoi reconnaît-on le printemps en ville?
ah ah? ahhahhah? ahhahahahahahah?
Et bien je vais vous le dire, puisque vous séchez lamentablement:
Aux fines paluches gantées qui côtoient les jeunes mollets découverts.
Aux shorts hawaïens qui narguent les bonnets de laine.
Aux sandales souples qui provoquent les robustes bottes en cuir.

Formidable saison du renouveau, le printemps porte tant d'espoirs et de promesses que nous fonçons tête baissée à sa rencontre.
Dès les premiers rayons du soleil, à partir de cette fatidique date du 20 mars, une véritable frénésie s'empare de nous: au diable les pièces de laine! au placard les gros pantalons! Ou donc ai-je bien pu ranger mes lunettes de soleil? Et ce petit top flashy que j'ai acheté au début de l'automne? Vite vite, une jupe, un tee-shirt, des tongs et courons se faire dorer dans un parc !!! Je me précipite à toute vitesse dans les escaliers, ouvre la porte à toute volée et... tombe en arrêt devant le pas de mon immeuble, heurtée de plein fouet par un délicieux petit rayon de soleil que je bénis à l'instant même où la lourde porte métallique claque derrière moi, refoulant ainsi le petit courant d'air frais qui se dégageait de l'intérieur du hall. Campée solidement sur le sol, je ferme les yeux, et j'inspire bruyamment, adoptant la position théâtrale de celle-qui-sait-profiter-de-la-vie, méprisant par ces simples gestes tous les frileux du changement et les angoissés du coup de froid. Après quelques secondes de comédie, je rouvre les yeux, plaque un sourire triomphant sur mon visage pâle et reprend mon cheminement vers la terre promise, à pas nonchalants.

Bizarrement,alors que je n'ai parcouru qu'une petite centaine de mètres, je réalise que mon entrain diminue. Je me surprends à éviter les coins d'ombre, à rallier le trottoir d'en face, celui qui est ensoleillé. Je tire sur mes manches- je m'rappelais pas qu'il était si court que ça l'an dernier, ce satané tee shirt!?
Et c'est quand je croise ces fameuses mains gantées que le doute commence sournoisement à s'insinuer dans son esprit. Mais je refuse encore d'accepter la réalité. J'échange de petits regards complices avec ceux qui ont -eux aussi- opté pour les mollets nus. Je marche un peu plus vite -oh, à peine plus!-, et je commence à remettre en question ma destination initiale. Le parc doit encore être un peu boueux, à cette saison, non? Et puis ça va être difficile de trouver un coin au soleil... Tiens, et ça va être horriblement bruyamment: tous les gamins vont être de sortie, avec ce premier soleil. Les nouveaux-nés de l'hiver vont découvrir l'herbe et hurler de peur au contact de ce nouveau matériau. Les néo-bipèdes vont expérimenter leur habilité et provoquer l'hystérie des parents qui tenteront en vain de contrôler leurs changements de cap incontrôlés. Va même y avoir des chiens, des horribles teckels qui vont japper toute l'après-midi. eurkk.
Alors, l'air de rien, supportant hardiment le regard narquois des caniches emmitouflés et de leurs propriétaires moqueurs, je ralentis et pousse la porte d'un café. Une place en terrasse s'il vous plait!... (Pas question de donner raison aux donneurs de leçons.)
....Oui, oui, en terrasse vitrée, vous avez vu le vent qu'il y a?..
... ah, elle est chauffée?....
... ben tant pis, alors, si on peut pas faire autrement...
...et je vais prendre un café, s'il vous plaît! ....
...non, attendez, un chocolat. Bien chaud. Avec BEAUCOUP de crème....
....et un plaid, vous avez un plaid? non? arggg.
Ça y est, je le reconnais, je le confesse, je l'avoue, mea culpa grande, j'ai froid, j'ai froid, je me caille, je suis gelée, congelée, glagla, glaçon,...garçon! j'échange ma jupe contre votre pantalon, mes tongs contre vos godasses fermées, et.... mon royaume contre une écharpe!!!
-Quel royaume??

Hum...
Comme quoi les gentes damoiselles à la cervelle de moinelle ne devraient pas croire les hirondelles.
Car elles n'ont jamais fait le printemps.

jeudi 12 février 2009

Quand les intouchables touchent le comptoir

Elles m'ont eue par surprise. Le patron m’avait envoyée chercher du pain à la boulangerie et ce n’est qu’au moment où j’ai réintégré ma place derrière le comptoir que je les ai découvertes. Deux grenouilles barbotant dans leur jus. Des rainettes, plus précisément, arborant un ensemble vert vif, réhaussé de jaune flashy sur le veston. Les deux animaux inoffensifs bavardent en buvant le café, l'air de rien.

Juste pour en avoir le cœur net, je jette un œil dehors. C’est bien ça. Leur supermobile d’un vert accordé à leurs tenues les attend, garée contre le trottoir. Des balais et des tuyaux de toute sorte émergent de chaque côté de l'engin diabolique. Eurk. Malgré moi, je réfrène une petite moue de dégoût. Imperceptiblement, je rejoins l’autre côté du comptoir. Le côté des «propres», que je décide de ne plus quitter jusqu'à ce qu'"ils" partent. Mais leurs vestons essaient de me retenir. Ils m’interpellent, ils crient, m'éblouissent, m’envoient des rayons réfléchissants. Impossible d’oublier qu’ils sont là. Alors, je me force, je me déplace vers eux, grimace un sourire. Les vils vestons en profitent pour me balancer au visage les quelques lettres mensongères tracées sur leur poitrail : « Propreté de la Ville de Paris »...

Ca, c'est le comble ! Ce que je ressens en les regardant est tout sauf un sentiment de propreté.

Parce que, évidemment, un coup d'oeil vers eux me suffit pour les imaginer en plein action: l'un courant après des mouchoirs dégoulinants qui tentent de s’échapper grâce à leur copain Eole ; tandis que l'autre se penche pour ramasser la crotte d'un chien diarrhéique dont le maître a été trop laxiste ; ou encore l'un grattant un chewing-gum collé sur un panneau de signalisation par une gamine de 14 ans en mal de sensations fortes, pendant que l'autre s'affaire au-dessus d’une poubelle qui tient absolument à lui dégueuler son trop plein d’ordures en pleine figure. J’imagine leur odeur, leur haleine. « Propreté de la ville de Paris ». Laissez moi rire. Je m’aperçois que mon sourire s’est définitivement transformé en grimace. Ma bouche s’est révulsée et mes yeux se sont emplis de dégout.

Je réalise soudain que mon attitude, ma réaction non maîtrisée me renvoient loin loin d’ici. Autre pays, autres moeurs. Je viens de cautionner inconsciemment le système des castes.

J’ai devant moi deux intouchables dégoutants, et je suis la brahmane, qui, du haut de sa naissance chanceuse, méprise sans retenue ces deux êtres inférieurs. Je les imagine sortir leur sachet de béthel, mâcher leur pâte quelques instants avant de la recracher sous forme de jus rougeâtre, dans un long jet dont la trajectoire parfaite se termine pile entre mes tongs. Mes orteils remuent, ébranlés. Heureusement, leurs dernières dents noirâtres ne semblent pas avoir fait partie du voyage. Elles sont restées, je ne sais par quel miracle, accrochées à leurs mâchoires supérieures malgré la puissance de la projection. Ils boivent leur tchai en jacassant dans une langue inconnue, et ponctuent leur discours de curieux mouvements de tête. Droite, puis gauche, puis droite. Ce dodelinement incessant donnerait presque la nausée. Des effluves de friture, de curry et d’urine m’emplissent les narines. Pour un peu, je distinguerais presque le vacarme de la circulation dehors, les klaxons, les cris, les pétarades des mobylettes ; la chaleur suffocante d’une population trop nombreuse et tellement désorganisée.

Mais leurs voix ont tôt fait de me ramener en France.

"Eh, Mam’zelle !" Une des rainettes essaie de m’accrocher le regard.

"On vous doit combien ?"

Je bredouille, perdue, confuse, honteuse: "Euh.. 2 euros et vingt centimes, s’il vous plait, Messieurs"

Vite vite, je redescends de ma fleur de lotus, ôte mon turban bleu, retire mes bijoux colorés et efface la tika rouge de mon front. Déesse en toc.

Intouchables, eux?

En rendant la monnaie à mon balayeur, je veille à déposer les piécettes directement dans le creux de sa paume de main, comme une offrande, et fais en sorte de lui caresser le bout des doigts au passage.

Intouchables, eux ??

Je débarrasse leurs tasses, jette leurs papiers à la poubelle.

Intouchables ???!!!!

Mais c'est ta bêtise, ma fille, qui est intouchable...!!!


jeudi 5 février 2009

Ces gens-là


Ils sont partout. Dès 10h du matin, ils poussent avec lenteur la porte de chez eux, et, par centaines, par milliers, ils se répandent dans les rues. Envahisseurs silencieux, ils semblent toujours plus nombreux, toujours plus vils. Ils hantent les supermarchés, ralentissant le travail des caissières; ils encombrent les trottoirs avec des caddies à carreaux trop lourds pour eux ou des caniches à froufrou dont la laisse s'entortille immanquablement autour de vos jambes quand vous essayez de doubler; ils se font un malin plaisir à faire la queue à la Poste pour acheter un unique timbre. Mais leur domaine, leur royaume absolu et incontesté (jusqu'à ce jour), ça reste le BUS.
Les vieux, dans le bus, c'est comme si ils se trimballaient avec un sceptre et une couronne. Je me demande encore en vertu de quoi on leur confère un tel pouvoir, parce que sincèrement, ils en usent et en abusent.
L'autre jour, j'ai commis cette erreur fatale de préférer, pour une fois, le bus au métro. Chargée d'une énorme valise, je pensais ainsi éviter les petits désagréments ratpesques (escalators en panne, métro bondé, accidents sur la voie, etc) qui anéantissent le plaisir du week end avant même que celui-ci n'ait commencé. Je m'achemine donc, confiante (quelle c...!) vers mon arrêt de bus.
Arrivant à proximité, j'ai un instant de lucidité, en considérant la marée de cheveux blancs et ternes qui a pris possession de l'abribus. Élément aggravant, s'il en est: il pleuviotte. Il va donc falloir se serrer tout contre eux, au risque de rouler sur les pieds de Bichon qui ne manquera pas de couiner et de déclencher un tollé dans le clan des amis des bêtes. Je me maudis en silence. Mais il est trop tard pour faire demi-tour et rattraper une bouche de métro. Alors j'avance, contrite. Exactement tel que je le redoutais, mes oreilles sont les premières attaquées: assaillies par le flot habituel d'inepties que ces gens-là aiment à débiter à tort et à travers, je peine à les dissuader de se fermer définitivement.
- Ah, ça, le jour où le bus sera pas en retard...
- Figurez-vous, Madame, que moi l'autre jour, je l'ai attendu 10 minutes
Quelques adeptes de l'écholalie se délectent: "10 minutes!"
D'autres sont plus laconiques:
-Ohhh!
-Ah mais!
- Pfff !
Mécontentement, grogne, à quand la manif' des ptits vieux?
-Une honte, je vous dis.
Tous acquiescent.
-Et puis, té! Allez vous plaindre et on vous regarde de haut!
Ils jubilent. Se sentent tous unis contre ces tyrans, ces démons ces incarnations du Diable sur Terre que représentent les chauffeurs de bus.
Je piétine, mais je ne peux pas trop m'éloigner, car j'ai réussi à dégoter un coin abrité, et qu'il est hors de question que je leur lâche un bout de terrain. Alors, je monte le son de mon MP3, je fredonne, mais rien à faire: leurs voix fortes et criardes réussissent à franchir tous les obstacles pour se nicher dans mes tympans. Ça me semble durer une éternité. [Je tiens à vous éviter ici la pénibilité de la scène donc je ne vous retranscrirai pas l'intégralité de la conversation.]
Et puis enfin, la phrase tant attendue, THE incontournable, celle qui-ne-peut-pas-ne-pas-être-prononcée est lâchée par une petite rabougrie du fond qui n'avait pas encore pipé mot. Trop facile! j'admire l'artiste. Je sais que son numéro est bien huilé. Elle attend juste que la conversation retombe un peu, et paf, avant que quiconque ne réagisse, elle lance, comme une révélation inédite, en secouant la tête:
"Ah, ca, c'est sur que c'est plus comme avant..."
Ni une, ni deux, tous opinent et renchérissent. Elle a ouvert la boîte de Pandore et personne ne songe à la refermer. Oh non, tellement pratique d'accuser le temps qui passe!
Mais surtout, tous cachent leur frustration extrême de ne pas avoir été le premier à la prononcer, celle-là. "C'est plus comme avant". Ils goûtent la formule. Délicate variante du "c'était mieux avant", celle-ci a le mérite de suggèrer la comparaison sans l'établir toutefois.
Ils reluquent la rabougrie, se jurent qu'on les y reprendra plus. Elle a gagné cette fois-ci, mais elle l'emportera pas au Paradis. La prochaine fois, ils seront plus véloces, plus réactifs. Et ils vaincront.
Vautours en quête de gloire éphémère, la horde arrête enfin son piaillement lorsque soudain surgit le bus au coin de la rue. Le silence se fait: chacun se prépare. Les vieilles affutent leurs sacs à main, les vieux simulent la fatigue extrême, même les caniches semblent être gagnés par l'extrême tension. La rabougrie tente une percée et se rapproche à petits pas du trottoir. Elle est aussitôt refoulée vers les fond de l'abribus par deux chignons serrés qui, l'air de rien, manoeuvrent leurs caddies pour obstruer l'accès à la chaussée.
Le bus s'approche. Je retiens mon souffle, je me raidis. Mais à quoi bon lutter? Je le sais bien, que j'ai perdu d'avance. Le sceptre et la couronne. Les places réservées et la bienséance. Qu'ils se bouffent entre eux. Moi, je resterai debout et je m'amuserai à faire le flamand rose. Tout le trajet sur une jambe. Rien que pour les narguer. J'attends que tout ce petit monde rentre et s'installe, puis j'enfourne mon énorme valise. Les exclamations s'élèvent, on me vole dans les plumes. En réponse muette, j'écarte les ailes, je remonte la jambe. Position du flamand rose, c'est parti. Ils en deviennent cramoisis d'admiration. Ils croassent. A mon tour de jubiler. Ils ont beau imiter mon son et ma couleur, ma noble position, elle, jamais plus ils la tiendront ! héhé.

....'Fin, on a beau dire, on les aime bien quand même nos petits vieux, parce que quand ils seront plus là...ben on aura du soucis à se faire pour nos artères...


jeudi 29 janvier 2009

Jour de grève


Aujourd'hui, c'est jour de grève.
-'fin, Mouvement Social, comme ils disent, à la radio.
Le patron du bistrot fait grise mine. Il débute sa litanie contre la France qui se lève tard et qui ne travaille jamais. Non pas qu'il soit Sarkozyste. Non, bien sur. Mais comprenons le, pour lui jour de grève, c'est journée de merde. Les ouvriers en profitent pour solder leurs RTT, les mères restent à la maison pour garder leurs gamins et les étudiants s'en vont manifester. Bref, jour de grève, bar désert.
Et c'est vrai qu'on entendrait planer une mouche ce matin, dans le troquet. On se tourne les pouces. Pas même un journal ou un mot fléché à se mettre sous la dent pour tromper l'attente. Les distributeurs ont fait grève. Evidemment.
Alors, on se prépare à s'ennuyer ferme. On se réunit et on se répartit les menues tâches ingrates qu'on n'a jamais le temps de faire. On m'improvise femme de ménage. Chouette. Saloperie de grévistes! Mais je m'arme de patience et de loyauté, je chausse des gants, je me munis de torchons et de balayette, je courbe le dos et je décide de prendre l'accent portugesh. Parfait. Je suis prrête!
J'astique les miroirs, je dépoussière les étagères, je remplis les casiers à vin, je lustre l'alambic. Malgré ma rapide baisse d'attention due à une activité peu demandeuse en connexions neuronales, je remarque tout de même du coin de l'oeil tout une activité inhabituelle de l'autre côté de la vitrine. Les bouches de métro qui nous font face vomissent des gens à n'en plus finir. Je plisse les yeux pour mieux voir car ces braves citoyens me paraissent.. armés!!?? Ils brandissent en effet qui un manche à balais autour duquel s'enroule langoureusement un drap taché de rouge et de noir, qui une pancarte encore vierge qui ne demande qu'à être peinturlurée, ou qui encore un mégaphone qui s'entraine à cracher du venin avec des balles à blanc: "1, 2, 1,2, vous entendez, là? Fuck the world!!!! Yeah yeah! Ca marche? "
Ouais, ouais, moi, je t'entends bien, là. Continue, d'ailleurs, tu m'apprends plein de choses intéressantes.
A travers la vitre, j'entends la bille de peinture qu'on secoue. Pschhh.
Les lettres bleues dégoulinent sur le vieux tissu et, peu à peu, ô miracle, commencent à se former des mots, puis des phrases. Je penche la tête pour décrypter:
"Sarko, t'est foutu,"
pscch
"Les étudiant sont dans la rue !"
Ca blague, ca charrie, ca s'exclame.
pscchhhh. On vient de rajouter un "s" à "étudiant".
Je brûle de sortir leur dire de virer le "t" de "est"... mais je gère pas encore l'accent portugais, alors je m'abstiens.
Et puis soudain, alors que je suis encore perdue dans mes longues réflexions sur l'évolution orthographique de la langue française, le groupe se dirige droit vers moi, et pousse la porte du bistrot.
"6 cafés, s'il vous plait!"
Avec un s à cafés? Je ne dis rien, je me précipite derrière mon comptoir, j'ôte mes gants, mon torchon et mon accent et je m'exécute.
Presqu'aussitôt, comme par magie, la porte se rouvre et la foule de manifestants commence à affluer à l'intérieur.
Loués soient les étudiants. Je leur pardonne tout. Leurs fautes de français, leur mégaphone criard, leur infidélité (pour les jours où ils rentrent dans le bistrot voisin), leur candeur désopilante, et même leur tectonik style et leurs slims trop serrés qui m'ont toujours fait penser à des clopes mal roulées.
A cet instant je les bénis tous. J'ai repris les manettes de la tireuse, le patron a retrouvé son sourire et rangé les seaux. Fin de l'inaction. Enfin de l'action. Ouf!
Allez, promis juré, rien que pour les remercier, dès la fin de mon service, je vais manifester!!

mercredi 28 janvier 2009

Pliée derrière le comptoir

Encore une histoire de comptoir !
L'un de mes piliers m'a pliée, aujourd'hui.
Celui dont je vais vous parler, c'est celui du début de service. L'un des clients avec lesquels je commence ma journée. En général, sur les coups de 13h, ils reparti.
Aujourd'hui, tout avait commencé comme d'habitude. Après notre long tête à tête solitaire, il m'a quittée aussi discrètement qu'un courant d'air dans un tunnel, en laissant un pourboire généreux en évidence sur le zinc.
Quelle ne fut pas ma surprise, toutefois, de le retrouver une petite demie-heure plus tard, accoudé à un autre endroit du bar, en compagnie, visiblement, d'un collègue à lui. Leurs deux casques de chantier, l'un rouge, l'autre jaune, posés sur le comptoir, sont collés l'un à l'autre comme deux escargots qui auraient entamé une parade nuptiale. La proximité entre ces deux objets est d'autant plus flagrante que la distance entre les deux hommes semble marquée. Etrange. Je m'approche, me prépare à leur lancer un "vous désirez?" avec des petites fleurs dans la voix, quand soudain, la voix rocailleuse de mon pilier me stoppe net dans mon élan: "On a déja commandé!" toc! D'une voix sèche et autoritaire. Je m'excuse et m'éloigne doucement, laissant leur conversation s'engager. Mon pilier, semble s'être animé de l' intérieur. (Ah tiens, cet homme est donc vivant? ) Il discute, hausse le ton, s'esclaffe. L'autre écoute et le regarde avec admiration. Je leur sers leurs cafés. Il ne me regarde même pas.
Un peu plus tard, lui qui, d'ordinaire, a tellement de mal à attirer mon attention, m'interpelle bruyamment, de cette même voix sèche, au ton impérieux:
"Mademoiselle!
-Ouiii?
-C'est deux euros, c'est bien ça?
-Oui, monsieur.
-Eh ben ils sont là! (il désigne les deux petites pièces rondes et me regarde droit dans les yeux) Aurevoir.
-Euh.. oui, bon après-midi...et merci."
Les escargots se décollent et reprennent leurs places respectives sur les crânes gras.
La porte s'ouvre, puis se referme.

Ca alors. Il me faut un petit moment pour reprendre mes esprits. Il m'a scotchée, le bonhomme. "on est déja servis!" gnagnagna. Et mon pourboire, alors? grrr.
J'attends impatiemment de le retrouver seul demain.
Y f'ra moins l'malin, c'est moi qui vous l'dis.
Manquerait plus qu'ça!...

lundi 26 janvier 2009

Piliers de comptoir



Etre derrière le comptoir, c'est un peu comme être derrière un miroir sans tain. Les gens qui s'y accoudent -des hommes pour la plupart- viennent y chercher une compagnie solitaire. Ils s'assoient sur les grands tabourets, commandent un café, ou un demi, et laissent divaguer leurs pensées. Ils ne tiennent pas vraiment à communiquer; ils se satisfont de ma présence devant eux. Devant eux, mais loin, loin, derrière le comptoir. C'est ainsi qu'ils me font face: les yeux troubles, vides, le visage las de ceux qui ne se savent pas regardés. Qu'attendent ils? que le café refroidisse? que la mousse retombe? ou que le temps passe, tout simplement?
Lorsque nos regards se croisent, et que je leur décoche un sourire, ils peinent à m'en esquisser un. Même lorsqu'ils le font, c'est à peine plus qu'un étirement des lèvres ponctué d'un léger hochement de tête gêné. Ils passent leur commande dans un souffle, d'une voix rocailleuse et inarticulée. Alors, je les bouscule un peu, les force à répéter, pour être "bien sure d'avoir compris, vous comprenez?". Etonnés parfois, mal à l'aise à tous les coups, ils haussent discrètement les sourcils, toussotent pour s'éclaircir la voix et réitèrent leur demande. Toujours aussi mal articulée. A peine plus fort. J'acquiesce cependant, consciente de l'effort accompli. Ils détournent rapidement le regard, et je sens soudain se reconstituer le miroir sans tain entre eux et moi. Rien à faire, ils sont repartis.
J'essuie les verres, je verse un kir, je remplis une carafe. Et je les observe à la dérobée. Ce sont mes "piliers". Au fil des jours, j'apprends à les connaître. Ou peut être serait il plus juste de dire que j'apprends à les imaginer. Je leur invente un monde à eux, je leur colle un prénom et une vie. Puisque eux ne me parlent pas.
Avec leurs dents jaunies par le tabac, leur chemise qui sent les années 60 et leur teint grisâtre, aux pores huileux, ils me font penser aux personnages de Zola. Immanquablement, je les imagine mineurs, creusant les souterrains de Jussieu à la recherche d'une pépite de charbon. Moi, je deviens Gervaise, au temps de la belle époque:
"-Tiens, Mr Goujet, vous v'nez pour vot ' linge?
-Bonjour, Mme Coupeau, c'est-y pas que de c'temps là, on a vite fait de s'salir les godillots!"

Nous sommes pourtant bien en 2009, c'est écrit sur le calendrier PMU étalé derrière moi, qui proclame:
"En 2009, notre pari: vous faire gagner !"
Rien de moins sur...


lundi 19 janvier 2009

Vous prendrez bien un ptit café?


Pssschhh
La porte s'ouvre bruyamment, une rafale de froid pénètre dans l'intérieur douillet du bistrot un peu désert.

- Bonjour !
- Bonjour, Msieur Lampich, s'exclame le patron, affairé auprès de la caisse enregistreuse. Comment ca va aujourd'hui?
Msieur Lampich se hisse sur le grand tabouret et s'accoude sur le zinc.
- Ma foi, pas pire qu'hier et vous donc?
- Ca va, merci.. qu'est-ce qu'on vous sert?
- Un p'tit blanc et un sandwich rillettes, ca s'rait aimable!

Je m'active, ouvre les placards, le frigo, découpe du pain, sors la bouteille, tartine les rillettes, referme la bouteille, remets les rillettes et le blanc au frais, ferme le frigo, le rouvre, ressorsle blanc et le range dans l'autre frigo, puis dispose la commande devant le bonhomme qui me fait face, absorbé dans la lecture de sa grille PMU.

En dépit de toute cette agitation inhabituelle que je forme sous son nez, il ne semble me remarquer qu' à ce moment là:
- Tiens, mais on dirait qu'c'est plus Thérèse !
Perspicace, le gars. Mais je fais pas la maline, parce que c'est mon premier jour et que je suis pas si à l'aise que ca alors je réponds sobrement.
- ... ben.. non.
- Zetes une nouvelle?
- Oui, je commence aujourd'hui.
- Ah.

Petit clin d'oeil complice. Il prend une gorgée de blanc, je me retourne et je fais semblant d'être occupée.
Mais visiblement, il a envie de parler.

- Et la Thérèse, alors, elle devient quoi?
- Je sais pas, Monsieur, je la connais pas.
- Ah oui, zetes nouvelle...
- C'est ca.

Alors, il cherche le patron des yeux, et crie, pour être sur d'être bien entendu.

- Bah dis donc, Patron, zavez remplacé Thérèse par une jolie jeune fille?! On s'embête pas, dites donc !

Je sais plus où me metttre. Je remplis des carafes pour donner le change, et souris bêtement.
pscchhh.
La porte s'ouvre à nouveau, un vieux monsieur rentre, me salue, et me commande un "express", d'une voix faible. Je me dis que boire du café, ça doit pas être très bon pour son cœur, mais ça, je le garde pour moi, évidemment. Et puis, il représente mon sauveur, alors plutôt mourir que de lui faire une réflexion désobligeante. Grâce à lui, je peux mettre poliment une fin à ce tête à tête gênant avec Msieur Lampich et ses dents en moins, qui me fixe d'un regard vicieux tout en mordant dans son sandwich rillettes.
Je lance l'expresso, ca fait un bruit d'enfer, une distance de plus qui se met entre lui et moi. Ouf.
Le vieux ridé, par contre, me parait d'emblée sympathique. Il a un visage de tortue. Et puis il a pas envie de parler. Et puis ça s'explique pas, lui, je l'aime bien, et c'est tout. Il sirote son café tout doucement, les yeux dans le vague. Si y avait une horloge, elle s'égrènerait bruyamment et ça ne le dérangerait pas, c'est sur. Je me demande à quoi il pense.
Dans le fond, la patronne rit bruyamment aux blagues de Mr Partena, en caressant son lévrier.
Discrètement, je me détourne du comptoir et commence à griffonner sur mon mot fléché, en donnant l'air de faire des calculs savants. Car le patron m'a prévenue avant que je prenne le service:
-Attention, ca fait pas sérieux, de lire derrière ton comptoir, alors évite ou ne montre pas ce que tu fais.
-OK, chef. ( je l'appelle pas chef, en vrai)

Puis, soudain, tout s'accélère. Pschsch pschch la porte s'ouvre, se referme, se rouvre. Un groupe d'ouvrier envahit la salle.
- 6 expressos, me crie Rémi, le serveur, qui semble un peu débordé tout à coup.
- 1 demi !
- Hé, remplis moi une carafe!
- 1 noisette !
- 2 panachés et 2 expressos !
Oui oui, pas de problème. Attends un peu. Ca arrive. J'ai un demi, là. Quoi d'autre? Les mots viennent naturellement et les gestes suivent peu à peu. L'édenté a laissé un petit pourboire à côté de son verre vide. Toujours ça de pris. Sa place est maintenant occupée par un couple d'anglais qui s'amusent à prononcer "Un expresso s'il vous plait" sans trace d'accent. C'est pas gagné, mais pour les encourager, je leur mens, non sans malice: "C'est très bien! après quelques jours d'entrainement, on vous comprendra parfaitement!"

Deux heures plus tard, j'ai l'impression que j'ai toujours fait ca. Enfin presque.
Le patron s'approche et me glisse:
- C'est bon, t'as fini, tu peux te mettre dans un coin et commander ce que tu veux, c'est à notre tour de te servir.
Chouette. Merci patron (je l'appelle pas patron, en vrai).
Je m'installe, commande une grande salade, avec aplomb. Je finis tranquillement mes mots fléchés. Rémi, qui est encore dans la tourmente du service, me lance des regards de jalousie, je le vois bien.
Alors, pour faire bien, je vais déposer de moi-même les restes de mon repas en cuisine, et je débarrasse consciencieusement ma table. Je récupère ma veste et mon sac, j'ouvre la porte.
pscchhch
je me retourne et lance " A demain!".
Puis je referme la porte.
Je me sens déja un peu de la maison. Et je languis demain.

Et je me demande: à quoi ça sert des études d'agronomie??


mardi 6 janvier 2009

Le petit chat est mort

En hommage à Manouche, le petit chat de Julien et Sylvie.
(adapté de la chanson de Renaud)



'lez donc pas pleurer,
y s'baladait peinard
l'avait pas d'collier
l'était libre d'aller
Et d'rev'nir pour bouffer
Il était même pas prisonnier
De vot' amour insensé

Z'auriez quand même pas
Voulu qu'y vive comme un con
Sur vot' canapé
Loin des serpents et de l'Ognon
C'était un aventurier
Z'auriez pas voulu qu'on l'attache
Il aurait miaulé: "Mort aux vaches!"

Le petit chat est mort
Il a fini à plat
C'est comme ça
Il a glissé sous chais pas quoi
Et Raplapla
au moins vous mettrez Manouch' en bière
avant qu'elle n'devienne une Mémère

Le petit chat est mort
Et vous allez un peu couci-couça
A cause de quoi ? A cause que c'est toujours très bête
Pourquoi c'est toujours les p'tits chats
Et jamais les sales cons qui finissent comme des crêpes?

C'était un vrai sac à puces
Encore plus libre qu'un chien
Pas l'genre pour un su-sucre
A vous lécher la main
Mais la liberté c'est sur,
C'est pas sans danger c'est pour ça
Qu'elle court pas les rues ni les voitures,

C'était une vraie gitane
La terreur des p'tites poulettes
Elle devenait hooligan
Pour niaquer leurs gambettes
C'est un peu salaud
Mais faut dire qu'le poulet d'Boulot
C'est bien moins dégueu qu'un MacDo

Le petit chat est mort
Il a fini à plat
C'est comme ça
Il a glissé sous j'sais pas quoi
Et Raplapla
On ira d'main dans vot' jardin
L'enterrer au pied du grand sapin

Le petit chat est mort
Et vous allez un peu couci-couça
A cause de quoi ? A cause qu'on s'demande bien pourquoi
C'est jamais Sarko k'est sur l'bitume
Lui pourtant ca f'rait moins mal qu'on l'inhume....

lundi 5 janvier 2009

Vigneron cherche cruchon

La nouvelle saison de "l'amour est dans le pré" a débuté.
Cette année, une nouvelle fournée de candidats virils et ruraux à souhaits a été sélectionnée avec brio par l'équipe d'M6.
L'un d'entre eux attire tout particulièrement mon attention. Suffisament pour que je tienne à vous en parler.

"IL" a atteint l'âge auquel les mecs sont les + séduisants (31 ans), théorie qu'IL confirme, puisqu'IL est "très beau garçon" comme dirait ma mamie.
En plus, IL habite dans le sud, IL sent le soleil et le bon vin, IL a un accent qui craque sous la langue et un regard profond et ténébreux qui laisse présager d'une âme mystérieuse, impétueuse et volontaire.
Je vous invite à aller vérifier mes dires en cliquant ci-dessous:
http://l-amour-est-dans-le-pre.m6.fr/candidats.php?candidat=10

Tout ca pour vous dire que je me laisserais bien tenter par une petite lettre de motivation pour lui expliquer ma fougue et mon désir de passer tous mes jours auprès de lui,



.........si ce n'est.......

.......................que je l'ai déja fait !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

.....................................................et qu'il a déja refusé!!!!!!!!!!!!!!!

"quoi? quoi?" me direz-vous.
"qu'est-ce tu racontes?" enchainerez-vous.

"t'as osé lui écrire?!" s'exclameront les plus perfides d'entre vous.
"il a osé refuser?!" se récriront mes vrais amis.

Ben la réponse est oui.



Car ce beau Xavier est tout bêtement (et je pèse mes mots)... le président des JA du Gard!
incroyable. il présidait donc le jury qui m'a déboutée alors que je rêvais tellement d'intégrer leur syndicat pourri. Ce jury qui a commis l'erreur stupide de me préférer un universitaire même pas de formation agro, pour la simple raison que celui-ci connaissait un peu les médias locaux. Ce jury composé de crétins sans bornes qui ont cru qu'un couillon au bras aussi long qu'une braguette japonaise pouvait leur apporter plus que moi en leur octroyant 5 min de pub par mois sur France bleu Gard-Lozère. Ce jury qui a vu s'échapper ce compétiteur de choc un mois plus tard parce que évidemment ca collait pas... (un mois trop tard, pour moi, puisque j'avais déja signé à Paris!)
Bref, c'est donc le président de ce jury de crapules qui -quelle aubaine- va maintenant devoir séduire et rouler des épaules devant les caméras pour attirer une poulette aux grosses lèvres dans sa tanière qui sent le fauve.


Vivement la prochaine émission: je compte bien bouffer des chips et roter devant mon écran pendant qu'il exposera à la France entière ses déboires sentimentaux et ses petits (sé)vices sexuels.

"qu'elle est mauvaise!" penserez-vous alors tout bas...

Ben non, juste un peu aigrie.
C'est ca être catherinette, non?

;)